Goodbye Zambia
Nous avons quitté la Zambie après 4 semaines d’immersion que nous n’oublierons pas.
Les sacs préparés, nous sommes passés dire au-revoir à Doroth et Christie (qui en fait s’appellent Dorothy et Christine), puis nous avons rejoint l’école. Les adieux furent brefs, et tant mieux pour les enfants. La vie continue. D’autres volontaires nous succèderont et l’on se dit que cela ne doit pas être facile pour les professeurs et Dennis de s’attacher puis voir partir les volontaires du monde entier.
Sur le chemin de l’école, nous voyant venir de loin, deux jeunes filles inconnues ont accouru. Angelina et Lena. Des soeurs. Elles partageaient une paire de chaussures. L’une portait le soulier droit et l’autre le gauche. Elles nous suivirent, puis se rapprochèrent des filles, leur prirent la main. Pour être amies. Le souhait le plus répandu des enfants ici, à égalité avec toucher les cheveux des mzungus. Angelina et Lena sont restées avec nous et Dennis, qui nous avait rejoint, jusqu’au taxi qui nous attendait proche de l’école.
Elles furent nos derniers visages Zambiens avec Dennis, qui avait le coeur gros. En remerciement, nous lui avons offert l’Alchimiste (le seul réel roman que nous avons pu trouver dans la seule librairie vendant des livres à Livingstone) car il voulait se remettre à lire, et deux ballons dont un bleu avec le drapeau français (cocorico!) vu que les filles ont sans doute contribué à crever deux ballons à la maison.
Notre Tour du Monde ne pouvait pas mieux commencer et la Zambie et Livingstone se sont révélés une étape parfaite pour nous immerger dans l’Afrique, dans sa réalité parfois dure, sans trop de désagréments sécuritaires ou sanitaires que nos personnes occidentales, et parents avec de jeunes enfants, auraient moyennement apprécié…
Le sable rouge des chemins, les manguiers presque dans toutes les maisons, les féviers et fleurs de tiarés, les sols jonchés de déchets succédant aux petits jardins bien tenus, les familles vivant dehors dans la cour car c’est là qu’on cuisine et qu’on se lave, les taxis sillonnant les routes et klaxonnant pour proposer une course, les marchés où chaque famille semble avoir un représentant pour vendre les quelques fruits et légumes qui permettront de financer le nshima du soir, la localisation unique aux bords des chutes Victoria et du Zambèze où, au-delà de l’attrait naturel, on plonge au coeur de l’histoire séculaire de cette grande région d’Afrique Australe, lointaine, rude, qui fut explorée par Livingstone qui y dédia sa vie et y mourut à la recherche de la source du Nil. Son coeur repose d’ailleurs dans un village en Zambie, son corps, quant à lui côtoie les plus grands personnages anglais à Westminster Abbey.
Mais au delà des explorateurs et des missionnaires, la Zambie est restée assez épargnée de la trace des blancs, surtout à Livingstone, et les blancs qu’on trouve ici sont caractéristiques des occidentaux que l’Afrique a “englouti”. Arrivés pour une mission, une aventure, ils sont restés, chacun créant son equilibre de vie propre entre les habitudes et plaisirs d’occidentaux, et l’adoption des pratiques et traditions africaines.
Avec ses 72 tribus representées sur son territoire et variant selon les villages et régions, la Zambie est l’expression de la civilisation bantoue qui descendit jusqu’en Afrique du Sud. Chaque tribu a ses traditions, son histoire, ses rites, son dialecte. Certaines se sont affrontées mais elles vivent très majoritairement en bon terme. Dans une certaine harmonie culturelle. Un jour ces tribus rencontrèrent l’homme blanc. Exploration et expédition, prosélytisme chrétien, éducation à l’occidentale, exploitation, esclavage…les interactions et tensions furent diverses et de magnitude differentes.
Mais nulle part ces cultures ne s’entrechoquèrent-elles et ne débouchèrent-elles sur une effroyable division et organisation de la societé autant que dans le pays où nous nous rendons désormais: l’Afrique du Sud!
Derrière l’horreur de l’apartheid, nous avons hâte de découvrir ce pays et ses richessses forcément innombrables si l’on pense qu’elles sont le fruit de la multitude de tribus bantoues, des cultures hollandaises, anglaises, afrikaans…et même françaises!