A nous le Drakensberg

A nous le Drakensberg

Nous avons laissé l’Océan Indien derrière nous, à Durban, l’une des plus grandes villes d’Afrique du Sud mais que nous n’avions pas le temps de visiter. Il faut faire des choix.

4 heures plus tard et 32km de piste de nuit non prévue au programme, nous avions pris de la hauteur pour arriver à Bushmans Nek, petite bourgade du Drakensberg Sud, située à environ 1650m.

Le Drakensberg est une ancienne chaîne de montagne qui traverse l’Est de l’Afrique du Sud sur près de 1000km, depuis le Swaziland jusqu’au coeur de la région du Kwazulu Natal où elle constitue une frontière naturelle avec l’Est du Lesotho, petit état encerclé au coeur du territoire Sud-Africain.

Les paysages alternant montagnes aux sommets déchirés et doux plateaux et vallées attirent nombre de randonneurs et pêcheurs dans ce massif qui s’enorgueillit du plus haut sommet d’Afrique du Sud à presque 3500m ainsi que de la 2ème cascade la plus haute du monde à 978m. Bon en revanche, ce n’est qu’un petit filet d’eau à côté des Chutes Victoria.

Installation idyllique, avec le panorama idéal mêlant montagne et campagne du Drakensberg tel que nous l’avions imaginé.

En cinq jours nous avons bien profité de ce beau paysage, sur les chemins à vélo, en randonnée à cheval, en visite à la Ferme, en se baignant dans les piscines naturelles creusées dans les roches noires ou encore en randonnée à pied…pour découvrir les étonnants et si accessibles peintures rupestres.

Le peuple San est la plus ancienne tribu d’Afrique et certains avancent même que c’est la plus ancienne du monde. Nous n’entrerons pas dans le débat! Ils vivaient depuis 30 000 à 40 000 ans dans cette région d’Afrique Australe. Plus connus sous le nom de Bushman, un nom hérité des Boers (les colons Hollandais qui finirent par s’installer en Afrique du Sud), les Sans parlent l’une des langues khoïsans, réputées pour leurs clics, tout comme le Xhosa.

Ils furent persécutés par les tribus bantoues émigrant depuis le Nord de l’Afrique, puis par les Boers qui eux migraient vers l’intèrieur du pays à la recherche de terres fertiles. Les colons britanniques les marginalisèrent ne leur accordant aucun intérêt. Ils furent ainsi chassés de leurs terres au fur et à mesure pour ne représenter aujourd’hui qu’environ 100 000 personnes, localisés majoritairement dans le désert du Kalahari, à cheval entre la Namibie, le Botswana et l’Afrique du Sud.

Ils laissèrent derrière eux, dans près de 10 000 grottes et enrochements, des peintures rupestres accessibles au randonneur et qui retracent leur mode de vie et leurs traditions, au-delà d’être un émouvant témoignage des origines de l’homme.

Nous voici donc partis de bon matin avec notre guide Aaron à l’assaut des pentes du Drakensberg, visant le Devil’s Knuckles, sans pour autant devoir l’atteindre, traversant des plateaux où les babouins s’enfuient à notre arrivée ainsi que les petites antilopes et les élands que nous réussîmes néanmoins à apercevoir en groupe de six sur les pentes escarpées.

Après presque 3 heures de marche, nous avons atteint un défilé au milieu de roches imposantes où l’on imaginait aisément (inspirés par les récentes lectures de classe avec Miki sur le Néolithique!) les tribus vivre et peindre les principaux évènements de leur vie sur les parois.

Au détour d’une roche, les peintures sont là, à la fois simples et belles. On se plaît instantanément à essayer de les comprendre, les déchiffrer. Elles sont étonnament variées. De nombreuses figures humaines sont représentées (plus de la moitié) contrairement aux arts rupestres que nous connaissons en France et qui donnent la part forte aux animaux. Certaines figures ont des détails précis et contemporains (façon de dire datant de quelques centaines d’années au lieu de milliers); ce qui est en effet possible car ces peintures ont été faîtes sur une période s’étendant de quelques milliers d’années avant Jésus Christ jusqu’au XIXème siècle, avant que les Sans disparaissent définitivement de cette région très reculée.

Nous sommes repartis émerveillés de cette découverte, espérant que tous les promeneurs continuent de préserver ce site heureusement pas facile d’accès. La descente fut plus facile au milieu des quelques fleurs qui agrémentent les pentes du Drakensberg.

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