Lijiang, au pied du Yulong Xueshan

Lijiang, au pied du Yulong Xueshan

Touristique, artificielle, bourgeoise, telles sont les quelques critiques adressées par certains à la ville de Lijiang. Ce fut pourtant pour nous l’une des plus belles villes visitées en trois semaines de voyage en Chine. L’UNESCO ne s’y est pas trompée en la classant au Patrimoine Mondial en 1997. Son ancienne ville est parfaitement conservée et restaurée dans un périmètre entièrement piétonnier où le visiteur est libre de découvrir à son rythme les belles ruelles.

Maisons en bois aux architectures variées, ruelles pavées, nombreux petits canaux et ponts les franchissant, constituent le charme principal de cette ville située à quelques centaines de kilomètres de Dali, notre étape précédente. Les commerces touristiques se mêlent aux commerces plus traditionnels ou haut de gamme. Les hôtels et restaurants ont investi les maisons anciennes en respectant leur architecture et créant d’agréables jardins-patios dans les cours intérieures ouvertes, typiques de l’architecture traditionnelle Naxi.

Dali et Lijiang ont des points communs : la prédominance d’une des 56 ethnies Chinoises, leur emplacement sur la route du thé et chevaux ; et la proximité des premiers sommets Himalayens.

Au Nord de Lijiang, domine le mythique Yulong Xueshan (Mont Enneigé du Dragon de Jade) culminant à 5 500m. Respect. Les touristes Chinois peuvent accéder en téléphérique à 4 500m puis marcher sur un chemin surélevé pour encore 200m. Les groupes s’y suivent, bouteille d’oxygène à la main pour les plus prévoyants. N’étant que peu de temps sur place et la météo pas assez clémente, nous n’avons pas tenté avec les filles. Mais nous avons pu apprécier des vues partielles de cette célèbre montagne, notamment depuis le parc de l’étang du Dragon Noir. Cela donne envie d’y grimper !

C’est à travers cette chaîne et ses vallées que sinuèrent pendant des centaines d’années les sentiers muletiers de la route du thé et des chevaux qui participèrent en partie au développement et à la richesse de Lijiang (tout comme de Dali d’ailleurs). L’histoire commença avec le mariage d’une princesse Chinoise avec le roi du Tibet au VIIème siècle. Fidèle à son pays natal qui inventa la culture du thé en en faisant pousser les premiers plants, la princesse fit venir du thé depuis les régions du Yunnan et du Sichuan, notamment le célèbre thé Pu’er. Les Tibétains l’apprécièrent beaucoup et l’importèrent de façon régulière. Des années plus tard, les Chinois eurent besoin d’une cavalerie de qualité afin de contenir les assauts Mongols. Connaissant la valeur des chevaux Tibétains, ils commencèrent à les échanger contre leur thé, en utilisant les mêmes sentiers déjà pratiqués et qui cheminaient sur 2400km, à travers les cols de plus de 5000m. Au fil des années, d’autres articles s’échangèrent grâce à cette route : vêtements de laine, musc, matières médicinales. Les sentiers devinrent des voies caravanières puis, plus tard, des routes nationales !

La route thé-chevaux

C’est justement la migration du peuple Tangoute, originaire du Tibet, qui constitua le premier bassin de peuplement de Lijiang, également au VIIème siècle, et dont émergea l’ethnie Naxi dont la ville est aujourd’hui le fief. Comptant environ 300 000 membres, l’ethnie Naxi a développé une identité forte au contact des trois royaumes voisins : les Tang Chinois, les Bai du Royaume de Nanzhaos et les Rubos Tibetains.

Très tôt, ils ont été fidèles dans leur relation avec l’empire Chinois et l’ont soutenu notamment en combattant les armées tibétaines. Bons diplomates, les chefs Naxi avaient développé une véritable organisation politique et éducative permettant une sage gestion de leur territoire. La résidence de la famille Mu, ancien chef Naxi, au cœur de Lijiang est un témoignage précieux de l’organisation des affaires de Lijiang et de l’élégance et l’érudition de ses classes dirigeantes.

Agriculteurs-éleveurs, la Nature a une importance essentielle pour les Naxi et est donc tout naturellement (sans jeu de mot !) à l’origine de leur religion spécifique : le Dongba, vénérant les forces de la Nature et notamment les Eaux et les Montagnes. De cette vénération, naquit notamment une culture forte de préservation des ressources naturelles. Ils construisaient ainsi en plusieurs points de la ville un système de trois bassins s’enchaînant l’un dans l’autre où les habitants puisaient l’eau potable dans le premier, lavaient les légumes dans le deuxième et le linge dans le troisième. Dans la pratique de leur culte comme dans leur vie quotidienne, les Naxi développèrent une écriture pictographique unique, composée de 2000 caractères. Cette écriture est encore utilisée, ce qui en fait la seule langue pictographique « vivante » sur notre planète. En parallèle, une traduction en mandarin a été réalisée assez tôt pour permettre d’échanger avec leurs amis et cousins Chinois.

Le Pavillon du Souvenir célébrant la culture Dongba
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