Châteaux du shogunat et palais impérial

Châteaux du shogunat et palais impérial

Souvent leurs origines débutent à l’èpoque médiévale du Japon, entre les années 1200 et 1600, où les daimyo (seigneurs) reignaient sur les regions et le shogun (généralissime) régnait sur les daimyo et donc le Japon. Malgré que les empereurs se soient succédés depuis les premiers siècles après Jésus-Christ, ils furent à partir de ce moment-là relégués à un rôle symbolique, tout le pouvoir restant dans les mains du shogun. Ceci jusqu’au milieu du XIXème siècle où ils firent leur grand retour!

Comme en France au temps des châteaux-forts, une fois un territoire conquis il fallait s’empresser d’y installer une place forte pour la défendre en premier lieu et pour y afficher la grandeur du daimyo. Ce sont sur ces premiers bastions que se sont ensuite érigés  les châteaux renommés de la période d’Edo, s’étendant de 1603 à 1868. Ce fut le cas du château de Kyoto et de celui d’Himeji, à 130 kms de Kyoto, connu pour être le plus beau du Japon.

Contemporains l’un de l’autre, ils n’en sont pas moins différents par leur aspect. Le château de Kyoto ou Nijo-jo fut commandité par le premier shogun du clan Tokugawa, Ieyasu, pour être sa résidence officielle à Kyoto. Néanmoins, Ieyasu exerça son shogunat depuis Edo (future Tokyo) où il força les daimyo à séjourner avec leur famille en alternance avec leurs domaines. Ainsi, Ieyasu ouvrit une longue période connue sous l’aire d’Edo durant laquelle le Japon mena une politique protectionniste et très dirigiste. Les missionnaires Européens furent expulsés (sauf les Hollandais protestants), les classes sociales et le rôle de chacun clairement définis, les samouraïs et leur famille scrupuleusement surveillés. Néanmoins, la paix et la prospérité régnèrent sur le Japon pendant près de 250 ans.

Le Nijo-jo (château de Kyoto) est agencé sur un seul étage. Classiquement, s’y succèdent salons d’attente, salles de réception, cabinets de travail et quartiers privés. Trésor national, on ne peut ni filmer, ni photographier. C’est en savates qu’on chemine sur le célèbre plancher rossignol, conçu pour émettre un léger couinement à chaque pas et signaler ainsi l’arrivée d’une personne. Les différentes salles sont simples, comme tous les intérieurs japonais, mais elles se distinguent par la décoration de leurs murs et cloisons coulissantes et les ornements de leurs plafonds et linteaux. De magnifiques pins élèvent leur tronc et leurs branches sur un fonds jaune, le marron et le vert se ponctuant de touches d’or. La direction des ramures est savamment étudiée pour renforcer la puissance du shogun et inspirer déférence et soumission aux invités. Là des pruniers, ici des cerisiers en fleurs. Sur d’autres cloisons, les tigres semblent bien vivants et, jouant de leurs crocs autour de leur mère, ils représentent la force et le courage du shogun. Ce sont des animaux bien moins belliqueux et plus légers qui ornent les salles des conseillers et intimes: oies, grues, aigrettes.

Le plancher rossignol
Salons d’attente du Nijo-jo

Rien de tout ceci à Himeji où nous nous sommes rendus depuis notre villégiature à Kyoto. Nous sommes dans une place forte, un véritable donjon médiéval bâti pour résister aux plus féroces attaques. L’élégance est à l’extérieur, dans l’harmonie des murs blancs et des toits de tuiles qui cascadent depuis les hauteurs du daitenshu et s’étirent à ses pieds, comme un oiseau ouvrant ses ailes, ce qui lui vaut le surnom du Château du Héron Blanc.

Les quartiers de vie sont dans une aile annexe à l’Ouest, organisés dans un long couloir de 300 mètres sur trois étages. Les chambres sont monastiques, les escaliers raides. Le donjon principal est prêt au combat, truffé de pièges et de recoins pour attaquer sans être attaqués.  A l’intérieur, monter les sept étages, qui de l’extérieur n’en paraissent que cinq, est une épreuve tant les escaliers se dressent presque à la verticale. Clairement, on ne pouvait y vivre confortablement. De fait, on surveillait, on s’y battait, la fumée envahissait les pièces à chaque arme que l’on déchargeait. Le château ne fut jamais pris. Il passa entre les mains de nombreux daimyo. Il fut surtout le seul château du Japon de cet ampleur à ne jamais avoir été détruit, ce qui en fait l’un des rares châteaux médiévaux en bois existants encore au Japon.

5 étages apparemment, mais en réalité 7
Les escaliers sont raides!

Il n’est pas château comme son voisin le Ninjo-jo, mais palais. Celui de l’empereur, qui déplaça le palais impérial à la fin du VIIIème siècle à Kyoto (Heian à l ‘époque). Palais puis résidence officielle lors du passage de l’empereur à Kyoto, il est encore utilisé aujourd’hui pour certaines cérémonies ou réceptions officielles. Mais certains de ces pavillons rappellent la simplicité du Ninjo-jo. De discrets et jolis jardins à la japonaise bordent les quartiers privés. On peut y admirer les trônes de l’empereur et de l’impératrice, utilisés pour l’intronisation de l’Empereur actuel Naruhito, mais ils étaient à Tokyo lors de notre passage. Dans le grand parc du palais impérial, les pruniers commencent à fleurir, annonçant le printemps. En 1868, avec l’arrivée en force des puissances étrangères, le shogunat de la dynastie Tokugawa s’effondre. L’ère Meiji débute et le rétablissement du pouvoir de l’empereur.

Bitnami